Ceci est une traduction d’un article du média américain NPR disponible sur le lien.
La bande-annonce du film Black Panther de l’univers cinématographique Marvel est sorti récemment et a fait beaucoup de bruit. Crée en 1966 par Jack Kirby et Stan Lee, l’histoire de Black Panther était une grande première pour l’industrie des comics américains. Contrairement aux quelques héros noirs qui l’ont précédé, T’Challa (la Black Panther) est un authentique super-héros avec ses propres pouvoirs, une intrigue et une histoire particulière qui a complètement bouleversé l’univers Marvel.
Ce serait facile de le vendre comme un super-héros noir, mais ce n’est qu’une infime partie de son intérêt. Ce qui rend le projet Black Panther si excitant c’est la grande nation de Wakanda.
Conscient des enjeux géopolitiques et des conflits, Wakanda est un pays secret et isolé. Il possède la plus grande réserve de vibranium, un métal imaginaire très résistant qui a permit de fabriquer le bouclier de Captain America. On peut faire le parallèle avec l’Afrique et ses richesses en minerais et matières premières convoitées par les puissances occidentales.
Avec la région de Wakanda, Marvel balaye les stéréotypes liés à l’Afrique « sauvage » et « exotique ». Wakanda est un pays futuriste qui n’a jamais été conquit ou touché par le colonialisme.
Les représentations de Wakanda ont évolué avec le temps, mais le pays est constamment décrit comme une région prospère fondée sur la magie et le métal, à l’approche technologique très évoluée, et où les épidémies et la pauvreté ont été évité grâce aux innovations scientifiques.
Wakanda est l’exemple parfait de la science-fiction afrofuturiste.
Une vision sci-fi afro du futur
En 1994, dans son roman « Black to the future« , Mark Dery utilise pour la première fois le terme « Afrofuturism. » Ce mouvement artistique explore les expériences des Noirs à travers la science-fiction. Dery le décrit comme un moyen de se réapproprier les imaginaires.
Dans une vision Afro-futuriste, la traite transatlantique devient une tragédie épique sur l’enlèvement d’extra-terrestres. Truth: Red, White, and Black imagine les études Tuskegee (scandale où l’on refusait de soigner des afro-américains pauvres atteints de syphilis) comme un test pour le serum qui a crée Captain America.
Des artistes comme Octavia Butler, Sun-Ra ou George Clinton ont incorporé l’afro-futurisme dans leurs œuvres. Les histoires d’extra-terrestres, de milieux
interstellaires ont influencé des musiciens comme Outkast et Janelle Monae. Presque toutes les chansons de Janelle Monae racontent l’histoire de Cindi Mayweather, un android qui voyage à travers le temps dans le but de libérer son peuple. Dans ses clips les cyborgs sont noirs, elle établit ainsi un parallèle avec l’image d’un peuple sans âmes qu’à la société des populations noires.
Sous-genre de la science-fiction, l’afro-futurisme n’a pas connu le même succès que le steam ou le cyberpunk. En 1976, Richard Pryor dénonçait l’absence de non-blancs dans « L’Age de crystal » une vision dystopique du futur. Cette absence est due à l’influence socio-culturelle dans l’imaginaire fantastique selon l’historien Adilifu Nama :
« L’afro-futurisme crée un espace où la négritude est équivalente au futurisme, à la cybernétique et à la super-science »
C’est ce challenge qui rend le film « Black Panther » si passionnant.
Non seulement Black Panther peut rester fidèle à ses origines liée à la science-fiction, mais il peut aussi devenir, grâce à la puissance de Marvel, le premier vrai blockbuster afrofuturiste.