Bienvenue à Marly-Gomont, le cinéma français et les Noirs de France

Il existe tellement peu de films français ayant des personnages Noirs que lorsqu’il y en a, nous nous méfions, à raison, des représentations qui en seront faites. « Bienvenue à Marly-Gomont » se révèle être une bonne surprise. Comment se place t-il par rapport au peu de films consacré aux Noirs de France ?

Bienvenue à Marly-Gomont retrace l’histoire particulière de la famille de Kamini qui quitte le Congo-Kinshasa dans les années 70 pour se retrouver dans un village picard.

Une bonne surprise

Sur plusieurs points, ce film grand public apporte de grandes satisfactions : le casting à majorité noire de cette famille congolaise est au centre du scénario, une famille africaine digne et non miséreuse.

Ainsi, on peut voir tout au long du film : la nostalgie du pays d’origine, les difficultés d’intégration et surtout le racisme. Black Mic macLà où « Black Mic-Mac », évoquait, il y a 20 ans, les foyers de travailleurs migrants, « Bienvenue à Marly-Gomont » aborde l’immigration qualifiée à travers le père Seyolo Zantoko qui est médecin. Malgré toute sa bonne volonté et son droit de pouvoir exercer son métier, le père de la famille Seyolo Zantoko fait face au racisme.

Le racisme n’est pas traité en marge, il est au cœur du film, que ce soit à travers les insultes et le rejet subi par les enfants à l’école ou les discriminations au travail donc. On passe ainsi du racisme personnel, individuel au racisme structurel, ce qui fait dire au petit Kamini plein de pertinence : « Pourquoi c’est plus dur quand on est Noir ? ».

Toutes ces difficultés créent une opposition intéressante dans le couple parental entre la politique de respectabilité du père qui fait tout pour « mieux s’intégrer » et la mère qui ne souhaite pas renier ses origines. A noter que la mère jouée par Aïssa Maïga reste digne, ni cliché de la femme noire colérique, ni stéréotype de celle qui subit les choix de son mari.

On regrettera cependant, les caricatures très poussées pour accentuer l’effet comique et le décalage entre la famille congolaise et les villageois.

Un manque de diversité dans les scénarios

De « La première étoile » à « Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu« , les films portant sur les descendants d’immigrés ont le même format de la comédie rassembleuse et du « bien vivre-ensemble ». Il est vrai que les Français sont friands de comédies consensuelles. Avec près de 450 000 entrées au Box-office en trois semaines, « Bienvenue à Marly-Gomont » ne déroge pas à la règle.

Nous ne sommes pas dupes, si les financements et les soutiens ont été trouvé pour produire ce scénario, c’est bien parce qu’il est vendeur de par son caractère exceptionnelle. De la même manière que la Chocolat-le-filmtrajectoire de Rafael Padilla, le personnage du clown « Chocolat« , l’histoire de Kamini est bien différente de la majorité des immigrants qui se trouvent dans les quartiers populaires des grandes villes.

Derrière ces faiblesses se cachent la frilosité des producteurs à miser sur des réalisateurs et scénaristes « différents » (accent forcé de Légitimus) et des histoires moins convenues. Il en ressort un manque de réalisme criant dans les dialogues et les scénarios et des personnages caricaturaux comme on a pu le voir avec « Bande de filles » de Céline Sciamma.

Il existe des milliers d’histoires à raconter sur des réelles expériences des populations françaises et de ses minorités qu’elles se finissent bien ou non.

Même s’il reste un « feel-good movie », Bienvenue à Marly-Gomont est une bonne comédie d’une famille africaine en France. Il doit pousser l’industrie cinématographique française à proposer des projets plus ambitieux plutôt que de renouveler une recette qui sature…

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